Dépénaliser l’apprentissage parental
Si les parents et les adultes encadrants se doivent de reculer l’âge des premières consommations d’alcool, ils se doivent aussi d’accompagner le jeune lorsqu’il commence à témoigner de l’intérêt pour le produit, afin de l’éduquer au “bien boire”, aux plaisirs qualitatifs (et non quantitatifs) mais aussi aux risques qui y sont liés.
Aujourd’hui, la loi pénalise toute personne qui sert de l’alcool à un mineur d’âge et concerne ainsi, de facto, les parents. Le Groupe porteur souhaite dépénaliser l’apprentissage parental et permettre ainsi aux parents d’assurer un rôle éducatif en matière de consommation d’alcool, levier d’apprentissage à une consommation cadrée, généralement progressive, socialement adaptée, plus responsable et moins risquée.
Si les parents et autres adultes éducateurs ne peuvent aborder le(s) comportement(s) de consommation(s) de leur(s) enfant(s) qu’à travers des lois, le lien risque vite d’être rompu et, par conséquent, la communication également. Beaucoup de parents estiment parler des consommations avec leurs enfants mais c’est le plus souvent en termes de risques et de dommages, ce qui est peu propice à un échange interactif, où le jeune peut également s’exprimer sur le sujet.
Comment informer, sensibiliser, interpeller si l’adulte ne peut se positionner (par rapport à son vécu, ses valeurs et l’éducation qu’il veut donner) et si le jeune ne peut avoir la parole ?… Il semble donc essentiel que les adultes puissent assumer leur rôle éducatif et parler des consommations avec les jeunes, le dialogue étant la clé de tout travail en prévention et constituant déjà un pas éducatif.
Nous souhaitons qu’à la loi actuelle “Il est interdit de vendre, de servir ou d’offrir…” soit ajoutée la mention “à titre commercial ou promotionnel” afin de pallier à ce travers.
Clarifier et simplifier la loi
La loi permet de poser un cadre, des limites et, dans le cas de la consommation d’alcool, de protéger les mineurs. Cependant, la législation en vigueur n’est pas encore assez claire, malgré les dernières modifications de 2009. La distinction entre boissons fermentées et distillées est floue, peu connue du public et aucune information n’est disponible sur le produit pour rendre compte de cette distinction. En outre, la loi reste peu appliquée (plus de 80% des commerces vendent encore de l’alcool à des mineurs d’âge alors que la loi le leur interdit) et témoigne de la difficulté de l’intégrer. Le Groupe porteur souhaite l’adoption d’une loi claire pour tous, faciliant ainsi le travail préventif et éducatif des acteurs de terrain. Une loi doit être compréhensible et appliquée pour qu’elle soit efficace.
L’OMS recommande d’agir sur l’offre d’alcool et souligne : “Les stratégies de santé publique qui cherchent à réguler l’offre commerciale d’alcool ou son accessibilité par des lois, des politiques et des programmes sont des moyens importants de réduire l’usage nocif de l’alcool en général. Pareilles stratégies sont cruciales pour éviter que les groupes vulnérables et à haut risque accèdent facilement à l’alcool”.
Il est primordial de faciliter la compréhension et l’intégration de la loi en la simplifiant pour qu’elle soit lisible et comprise par tous sans confusion, ce qui n’est pas le cas actuellement.
Dès lors, si le législateur veut garder une distinction entre certains types de boissons alcoolisées selon les âges (16-18 ans), il est préférable selon nous de se baser sur le taux d’alcool puisque l’information est accessible sur les bouteilles et donc disponible à tous. Nous proposons ainsi cette clarification :
- En-dessous de 16 ans : aucune boisson alcoolisée
- A partir de 16 ans : toute boisson alcoolisée dont le taux d’alcool ne dépasse pas 16°
- Au-dessus de 18 ans : toute boisson alcoolisée
Cette proposition a la mérite de simplifier la distinction actuelle, bien trop complexe, tout en étant la plus proche de la réalité de terrain (interdire tout en-dessous de 18 ans serait plus simple mais utopique puisque l’on sait que la plupart des mineurs consomment et que l’âge moyen de la première consommation est 13 ans).
Rendre l’eau gratuite dans l’Horeca
Les risques encourus par le consommateur d’alcool sont exacerbés par la déshydratation que le produit provoque. Nous devons donc faciliter l’accès à l’eau afin de généraliser le fait d’alterner boisson alcoolisée et boisson « soft » chez les consommateurs d’alcool. Rendre l’accès gratuit à l’eau dans les restaurants, cafés et bars, serait donc une politique publique utile et nécessaire, rendant prioritaire la santé de tous plutôt que l’intérêt économique d’une minorité. Favoriser un environnement responsable tout en laissant le choix des produits consommés, c’est laisser le libre arbitre à chacun et lui permettre d’avoir des alternatives propices à sa santé.
Comme c’est déjà le cas en France, en Grèce, en Suède ou encore au Royaume-Uni, le Groupe souhaite donc que l’eau de distribution soit accessible gratuitement dans l’Horeca.
Obliger l’étiquetage nutritionnel sur les boissons alcoolisées
Le consommateur devrait avoir, en toutes circonstances, le droit d’être informé sur ce qu’il consomme. L’UE impose d’ailleurs cela sur tous les produits alimentaires – à tout le moins concernant les apports nutritionnels et la composition du produit. Tous, sauf un : les boissons alcoolisées ! Une consommation d’alcool, comme tout comportement de santé d’ailleurs, devrait pouvoir se faire sur la base d’un choix éclairé.
C’est pourquoi nous demandons qu’il n’y ait plus d’exception à la règle et que tous les produits alcoolisés soient étiquetés comme les autres produits alimentaires.
A ces informations nutritionnelles pourrait être ajouté le nombre d’unités standards d’alcool que contient le flacon, cela faciliterait l’auto-évaluation de sa consommation (pour rappel : une unité standard d’alcool contient 10gr d’éthanol et sert de référence dans toute la littérature internationale).