Maggie De Block a demandé au Conseil Supérieur de la Santé (CSS) d’élaborer des recommandations pour les citoyens en matière de consommation d’alcool à moindre risque.
Pour rappel, les études et rapports scientifiques montrent en effet que toute consommation d’alcool comporte des risques pour la santé :
- L’alcool est la 4ème cause de mortalité et de morbidité chez les personnes âgées de 15 ans et plus en Belgique ;
- L’alcool joue un rôle dans l’apparition ou l’évolution de maladies cardiovasculaires, de maladies vasculaires cérébrales, de différentes formes de cancer, de troubles de la mémoire, d’affections du pancréas et du foie ;
- L’hyperalcoolisation (binge drinking) peut avoir des effets durables sur le cerveau ;
- L’alcool présente un risque d’addiction et des risques pour la santé mentale ;
- L’alcool a un impact sur les accidents de la route, à la maison et au travail, et divers problèmes familiaux et sociaux ;
- Les hommes courent plus de risques aigus et de mort violente, les femmes sont, quant à elles, plus vulnérables face aux maladies (risque hépatique, AVC, cancer…).
Après un an de travail sur base d’échanges et d’analyses de la littérature scientifique nationale et internationale, un groupe de travail du CSS, composé de chercheurs scientifiques et acteurs de terrain (dont, entre autres, Univers santé, les Fedito’s, le VAD, la SSMG ou encore le Pélican), se sont mis d’accord sur des recommandations afin de limiter les risques pour la santé liés à la consommation d’alcool :
- Limiter sa consommation d’alcool, car toute consommation d’alcool a un impact sur la santé ;
- Ne pas consommer d’alcool avant 18 ans ;
- Ne pas boire plus de 10 unités standards* d’alcool par semaine, à répartir sur plusieurs jours ;
- Prévoir plusieurs jours dans la semaine sans alcool ;
- Pour les femmes enceintes, celles qui souhaitent le devenir et les femmes qui allaitent, il est recommandé de ne pas boire de boissons alcoolisées.
* Le CSS considère qu’une « unité standard d’alcool » correspond à 12,7 ml d’alcool pur, c’est-à-dire 10g d’alcool.
Le CSS a également formulé une série de recommandations spécifiques, à savoir :
- Limiter la quantité totale d’alcool consommée en une occasion et proscrire le binge drinking (plus de 4 unités standards pour les femmes et 6 unités standards pour les hommes, en moins de 2 heures), qui est associé à un risque accru de morbidité et d’alcoolo-dépendance ;
- Boire lentement, en mangeant et en alternant avec de l’eau ;
- S’assurer d’avoir des personnes de confiance à proximité et de pouvoir rentrer chez soi en toute sécurité.
Outre le respect des législations en la matière, le CSS recommande aussi de ne pas boire d’alcool dans les circonstances suivantes :
- En cas de conduite d’un véhicule ;
- Avant, pendant et immédiatement après des efforts physiques et sportifs ;
- En cas de travail avec des machines, des appareils électriques, des échelles, etc. ;
- Avant et pendant le travail ;
- En cas de responsabilité de la sécurité d’autrui ;
- Pendant les activités nécessitant de la vigilance et des compétences ;
- Comme médication par exemple contre le stress, la dépression, l’insomnie, etc.
Certains groupes de populations courent plus de risques d’effets négatifs suite à la consommation de boissons alcoolisées. Par conséquent, ils doivent prêter une attention particulière à leur consommation et demander conseil à un professionnel de la santé. Il s’agit notamment des personnes suivantes :
- Les personnes de plus de 65 ans ;
- Les jeunes adultes entre 18 et 24 ans (qui sont les plus enclins à adopter une consommation à risque comme le binge drinking, ce qui peut avoir des répercussions cognitives durables) ;
- Les personnes qui prennent des médicaments (particulièrement en cas de médicaments psychotropes) ;
- Les personnes qui consomment d’autres drogues ;
- Les personnes ayant des problèmes de santé ;
- Les personnes ayant des problèmes de santé mentale (influence négative de l’alcool sur la comorbidité psychique) ;
- Les personnes ayant un faible poids corporel ;
- Les personnes avec des antécédents familiaux de problèmes liés à l’alcool ;
- Après un by-pass gastro-intestinal ;
- Le CSS recommande également aux femmes enceintes, à celles qui souhaitent le devenir et aux femmes qui allaitent de ne pas boire d’alcool.
A l’instar du Groupe porteur « Jeunes, alcool & société », le CSS se positionne également sur l’importance d’adopter des mesures sociétales visant à limiter l’offre, et principalement :
- Interdiction complète de la publicité et du sponsoring liés à l’alcool ;
- Adaptation de l’étiquetage des boissons alcoolisées par l’ajout des informations suivantes :
- indications nutritionnelles (au minimum le nombre de calories par 100 ml),
- nombre d’unités d’alcool par contenant,
- mention « l’abus d’alcool est dangereux pour la santé » à la place de l’actuel slogan « notre savoir-faire se déguste avec sagesse » ;
- Mise en œuvre d’une politique de prix diversifiée, avec comme mesures possibles :
- prix minimum par unité d’alcool vendue au détail,
- interdiction d’offrir des boissons alcoolisées gratuitement ou à prix considérablement réduit,
- augmentation des taxes et accises ;
- Réduire la disponibilité et l’offre de boissons alcoolisées (par ex. interdiction de vente d’alcool dans les stations-service, via des distributeurs automatiques et les magasins de nuit) ;
- Garantir une mise à disposition gratuite d’eau du robinet dans l’HORECA.
Enfin, le CSS recommande aux autorités compétentes d’agir selon les axes suivants :
- Adapter la législation sur la vente, l’offre et la distribution, notamment auprès des jeunes de 16 à 18 ans, sur base des recommandations du CSS ;
- Renforcer structurellement l’éducation, la prévention et la réduction des risques (informations de santé et éducation à la santé via divers canaux) ;
- Ne plus lier les espaces de campagnes de prévention aux espaces de publicité pour l’alcool et fournir des espaces de prévention garantis et indépendants ;
- Faciliter l’accès à l’information (groupes d’entraide, sites internet) ;
- Soutenir les personnes qui diminuent leur consommation ou tentent d’y mettre un terme (détection précoce et interventions brèves en première ligne et offre suffisante de soins spécialisés) ;
- Favoriser auprès de la population un auto-monitoring régulier des habitudes de boisson, avec l’aide en particulier du médecin généraliste ;
- Financer la recherche scientifique sur les conséquences de la consommation d’alcool, et l’évaluation des effets des interventions et des mesures politiques ;
- Interdire les collaborations entre les travailleurs de santé, les autorités publiques d’une part et les producteurs et distributeurs de boissons alcoolisées d’autre part ;
- Reconnaître la fonction et titre d’ « alcoologue » diplômé, sur base des formations existantes (en Fédération Wallonie-Bruxelles : certificat interuniversitaire organisé par la SSMG, l’ULB, l’UCL et l’ULg) et assurer une formation de base et continue en alcoologie suffisante pour tous les médecins et autres professions de santé ;
- Sensibiliser à la loi du 14/11/1939 qui interdit notamment de servir des boissons enivrantes à une personne manifestement ivre.
Et pour mettre en place ces mesures de manière cohérente, il insiste sur la nécessité d’élaborer une coordination nationale.
Pour consulter le rapport officiel du CSS, cliquez ici.
Plusieurs des mesures sociétales évoquées par le CSS rejoignent les revendications du Groupe porteur « Jeunes, alcool & société ».
Nous espérons donc que la Ministre va prendre sa commande bien au sérieux et s’atteler à concrétiser certaines de ces mesures.
Pour consulter les revendications du Groupe porteur « Jeunes, alcool & société », cliquez sur le lien ci-dessous :